Dépasser le débat sur le Time Out et Repenser sa Parentalité

time out et parentalité

En ce moment, quel que soit le media que je regarde, réseaux sociaux (et même LinkedIn), Internet, presse … je vois beaucoup de sujets autour du Time-Out. Je sais bien qu’il y a une part de biais de confirmation et une autre part qui vient des algorithmes qui me poussent des contenus avec lesquels j’ai déjà réagi. Il n’empêche, je trouve que bien vite tout ce qui a trait à la parentalité prend des allures de leçons ou de tribunal.

J’ai parfois l’impression d’assister à une tribune où les grandes figures de la parentalité s’affrontent - personne ne s’écoute et le parent est au milieu et doit au mieux choisir son camp, car oui il nous faut choisir un camp en tant que parent (en tous cas c’est ce qu’on croit), au pire s’interroge sur ce qu’il faut faire et surtout se demande s’il fait bien.

Tout ça est terriblement anxiogène pour le parent et par ricochet pour l’enfant car le parent n’est plus sûr de ce qu’il doit faire ni même de ce qu’il aimerait faire. Le parent (donc nous) est totalement perdu … un peu compliqué quand on doit guider une autre personne que nous, non ?

Il n’y a pas, selon moi, de vrai débat. Un vrai débat impliquerait que chacun écoute les arguments de l’autre et ne reste pas campé sur ses positions. Il n’y a pas de juste milieu dans ces confrontations d’idées, pas de “ça dépend”. C’est tout noir ou tout blanc et moi je suis plutôt 50 nuances. J’en ai marre de ces querelles de clocher qui au final servent à faire de l’audimat, vendre des livres ou des magazines, qui ne tiennent pas compte des parents et qui culpabilisent sous couvert de donner des conseils. Et comme toute querelle de clocher, il nous faut choisir un camp. Le problème c’est que moi je n’aime pas être dans un camp ou dans l’autre, je trouve ça trop réducteur et dangereux. Bien souvent, on omet d’aller voir ce que c’est exactement, de penser au tableau global avant de voir les détails.

Moi j’aime bien le juste milieu, pas celui où je n’ai pas d’opinion, mais celui où je cherche à m’approcher de ma vérité, de qui me semble juste. Une sorte de neutralité (cela me vient peut-être de mes origines suisses qui sait) : je n’aime pas les extrêmes, je n’aime ni les toujours ni les jamais, je n’aime pas la généralisation et j’aime les nuances, l’harmonie, l’équilibre, analyser pour tirer une leçon ou un point positif de chaque point de vue, la prise en considération de la réalité - je suis pour l’idéal réaliste, même en éducation (je dirai plus surtout en matière d’éducation et de parentalité).

Quand on devient parent, nous traversons un véritable bouleversement psychologique. L'éducation d’un enfant est un défi complexe et passionnant. En tant que parents, nous nous efforçons tous de trouver les meilleures méthodes pour guider nos enfants vers la maturité avec amour et respect. Car oui, nous faisons de notre mieux même si a posteriori on s’aperçoit qu’on a pris un mauvais chemin. Parmi les outils couramment utilisés se trouve le "time out", une pratique qui a suscité et suscite encore beaucoup de débats et de controverses.

Le Time-Out en Sport

Time Out et Sport, Un parallèle à faire avec la parentalité.png

En sport, le "time out" est une pause stratégique accordée par l'arbitre ou l'entraîneur pendant un match. Cette pause permet aux joueurs de reprendre leur souffle, de se regrouper, de recevoir des instructions de l'entraîneur et de planifier leur stratégie pour le reste du match.

Les "time outs" sont souvent utilisés dans les sports d'équipe tels que le basketball, le football américain, le volleyball et le hockey sur glace, ainsi que dans certains sports individuels comme le tennis. Ils peuvent être demandés par l'entraîneur ou accordés automatiquement à certains moments spécifiques du match, selon les règles de chaque sport.

Les "time outs" peuvent avoir plusieurs objectifs :

  1. Stratégie :

    L'entraîneur peut utiliser ce temps pour ajuster la stratégie de jeu, donner des instructions spécifiques aux joueurs et planifier des tactiques pour surmonter les défis rencontrés sur le terrain.

  2. Repos :

    Les "time outs" offrent aux joueurs l'occasion de récupérer physiquement et mentalement, en particulier lors de matchs intenses et prolongés.

  3. Motivation :

    Les "time outs" peuvent être utilisés pour motiver les joueurs, renforcer leur confiance et les encourager à donner le meilleur d'eux-mêmes jusqu'à la fin du match.

  4. Interruption de l'élan :

    Parfois, les "time outs" sont utilisés stratégiquement pour interrompre l'élan de l'équipe adverse ou pour briser le rythme du jeu lorsque cela est nécessaire pour changer le cours du match.

En résumé, le "time out" en sport est un outil essentiel pour gérer le déroulement d'un match, permettant aux joueurs et aux entraîneurs de prendre des décisions stratégiques, de recharger leurs batteries et de maintenir la concentration et la motivation tout au long de la compétition.

Le Time-Out, un Parallèle entre la Parentalité et le Sport

Le terme "time out" en parentalité, bien qu'il partage le même nom que le concept utilisé dans le sport, n'a pas nécessairement été directement emprunté à ce dernier. Cependant, il est possible que les origines du "time out" en parentalité aient été influencées par des pratiques similaires dans d'autres domaines, y compris le sport.

Le concept de "time out" en tant qu'outil disciplinaire dans l'éducation des enfants remonte à plusieurs décennies (les années 50 il me semble) et a été largement popularisé par les psychologues et les experts en développement de l'enfant. L'idée est généralement d'offrir à l'enfant un court moment de retrait de la situation problématique afin de lui permettre de se calmer et de réfléchir à son comportement. Et oui le Time-Out n’a pas pour but de punir ou de casser l’enfant mais bien de lui offrir un enseignement … Le Time-Out n’est donc pas mettre un enfant au coin ou le mettre debout ou assis sur une chaise face à un mur pour réfléchir. C’est une vision beaucoup trop simpliste de cet outil et surtout c’en est une mauvaise interprétation qu’on en a faite.

J’aime bien me dire qu’il y a un parallèle entre les deux. Peut-être que plutôt que voir le Time-out comme une punition pour l’enfant, on pourrait l’envisager comme un repli ou une pause stratégique, un temps de repos pendant lequel chacun reprend son souffle (y compris le parent, cela évite l’escalade) et revenir dans le jeu remotivé.

Comprendre le Time Out en Parentalité

Time-Out pour retrouver le calme.png

Le "time out", ou temps mort, est une technique de discipline souvent utilisée par les parents pour gérer un comportement difficile d’un enfant. En fait le nom complet de cet outil (car oui là encore il s’agit d’un outil) est “time-out from positive reinforcement”. Il consiste à retirer temporairement l'enfant de la situation problématique et à le placer dans un lieu calme, seul, pendant une durée déterminée et connue de l’enfant (j’en reviens aux règles claires et aux conséquences). L’objectif du Time-Out est de diminuer les comportements inadaptés (agression, désobéissance, non respect des règles …). Le Time-Out intervient beaucoup dans les Programmes d’Entraînement aux Habiletés Parentales, et c’est loin d’être le seul outil et surtout c’est un dernier recours, il n’est pas utilisé en première intention et les parents sont accompagnés dans ces programmes, il existe donc un cadre et d’autres outils s’appuyant sur la valorisation, l’empathie et la bienveillance.

Les Dérives Médiatiques du Time-Out

Malheureusement, le "time out" est souvent présenté dans les médias grand public comme une panacée pour résoudre tous les problèmes de comportement chez les enfants ou à l’inverse comme la chose à ne pas faire. Les émissions de télévision et les livres de conseils parentaux le décrivent parfois comme une solution rapide et efficace pour gérer les crises de colère ou les caprices ou a contrario comme une solution décriée et nocive. Ces représentations souvent simplistes ignorent souvent les nuances et les limites de cette outil.

Les Limitations du Time Out

Alors non je ne suis pas pour le Time Out mais je ne suis pas non plus contre. Je sais que parfois il est utile voire nécessaire. Je sais aussi qu’il m’est arrivé de l’utiliser pour que mes enfants se calment et que moi aussi je me calme (je me suis mise en time-out moi-même).

Bien que le "time out" puisse parfois être efficace pour interrompre un comportement inapproprié, il présente également des limites importantes. Certaines études suggèrent que le "time out" peut être contre-productif et même préjudiciable pour le développement émotionnel des enfants. Et oui appliquer le Time-Out à un enfant anxieux ou à un très jeune enfant (moins de 3 ans) peut-être néfaste. L'isolement peut (et j’insiste sur le peut : c’est une probabilité, une possibilité, pas une certitude) créer un sentiment d'abandon et de rejet chez l'enfant, et ne lui apprend pas nécessairement à gérer ses émotions de manière saine. Et je l’ai dit, cela s’inscrit dans une stratégie parentale, une réflexion bien plus profonde que “pour ou contre le Time-Out ?”.

Des idées Alternatives et Approches Positives

Je l’ai dit, le Time-OUt n’est pas LA solution mais un outil parmi d’autres, et surtout ce n’est pas à utiliser en première intention. Avant, d’autres outils (dont j’ai déjà parlé dans des articles) comme la communication non violente et l'écoute active peuvent aider les parents à comprendre les besoins sous-jacents derrière le comportement de leur enfant. Et oui il y a une explication au comportement de l’enfant, et parfois le comportement de nptre enfant n’est qu’ujne manière maladroite d’exprimer son besoin ou ses émotions. C’est là aussi où je pourrai parler de gestion des émotions et d’empathie : enseigner ces compétences aux enfants est d’autant plus important que cela réduira considérablement les crises.

Mais Éduquer c’est aussi réfléchir à sa parentalité

Selon moi, il est essentiel que les parents réfléchissent à ce qu’ils veulent et comment ils imaginent leur parentalité, les valeurs qu’ils veulent transmettre à leurs familles. Plutôt que de chercher des solutions rapides, nous devons adopter une approche plus réfléchie et nuancée de la parentalité, en tenant compte des besoins individuels de chaque enfant et des nôtres. En investissant dans notre propre éducation parentale et en recherchant des ressources et des soutiens appropriés, nous pouvons créer un environnement familial où l'amour, le respect et la communication ouverte sont au cœur de notre éducation.


La parentalité est un sujet complexe qui mérite une réflexion approfondie et une remise en question constante. Plutôt que de suivre aveuglément les conseils des médias grand public, nous devons prendre le temps d'explorer les différentes approches et de choisir celles qui correspondent le mieux à nos valeurs et à nos besoins familiaux (ou en piocher juste des morceaux choisis). En repensant notre façon d'aborder notre parentalité, nous pouvons créer des relations plus fortes et plus harmonieuses avec nos enfants, les aidant ainsi à s'épanouir pleinement dans la vie.

« Beaucoup de parents essayent de coller à une méthodologie, mais il y a toujours un écart entre la réalité et ce qu’on veut faire. Tendre vers un idéal n’est pas une mauvaise chose, si l’on garde en tête que ce n’est pas possible de l’atteindre complètement, et que ce n’est pas grave. On fait ce qu’on peut. »
— Héloïse Junier, docteure en psychologie de l'université de Paris, et auteure du "Manuel de survie des parents" (Dunod, 2022)

Articles sur le sujet du Time-Out :

🗞 Dans ANAE Revue

Maigret, G., & É. Gentaz (2023). Parentalité, pratiques éducatives et punitions : que disent les recherches scientifiques sur les effets des punitions relationnelles (time-out) ou corporelles (fessées) sur le développement psychologique des enfants ? A.N.A.E., 183.

🗞 Tribune dans Le Monde de Jean Plissonneau

Education : « La méthode du “Time Out” permet d’expliquer à l’enfant qu’il est soumis à certaines règles, comme nous le sommes tous »

🗞 Heidi News

Parents, que retenir de la polémique sur le «time out» et l'éducation positive?

🗞 Tribune dans Le Figaro

«La dérive de la parentalité “exclusivement” positive doit être dénoncée»

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