Comprendre le cerveau ado : et si le problème, ce n’était pas eux, mais ce qu’on ignore ?

J’entends souvent parler d’adolescents “ingérables”, “paresseux”, “rebelles”, “insolents”… et j’en passe.
Mais je comprends aussi tous ces qualificatifs que j’entends, non pas parce que je cautionne, mais que je comprends qu’en tant qu’adulte et/ou parent on puisse penser cela.

Je vois les comportements des ados, leurs interactions avec les autres et alors je comprends que parfois on dise (et même pense) cela.

Mais ce n’est pas pour autant que je suis d’accord.

Je ne suis pas d’accord parce que je sais certaines choses et que je sais que ces choses s’expliquent simplement.

Et une fois qu’on sait, on peut changer nos lunettes et voir nos ados différemment.

Mais encore faut-il savoir et comprendre.

Quand on est parent, on est vite désarmé.

Un jour, on a un enfant qui rigole, qui partage, qui obéit, qui nous met sur un piédestal.

Le lendemain, c’est comme si un orage avait élu domicile dans la maison.

Et dans ces moments-là on ne sait plus ni quoi faire, ni quoi dire.

On ne comprend pas vraiment ce qui se passe.
Et si, on passait de la question “Pourquoi il agit comme ça ?”, à la question “Qu’est-ce que son cerveau est en train de vivre pour qu’il réagisse comme ça ?”

En changeant un peu la question, on modifie la vision que l’on a de la situation et de notre ado.

Et on n’a plus trop envie de dire qu’il est “ingérable” ou “paresseux” ou pire.

En tous cas on comprend davantage le pourquoi il est comme ça et sans tout excuser cela explique et dédramatise certaines situations.

Parce que oui, le cerveau adolescent est en chantier (son corps aussi d’ailleurs).

Et tant qu’on n’a pas compris ce qui se joue là-dedans, on réagit souvent à côté.
Pas par mauvaise volonté. Non en général, on pense bien faire et surtout on fait pour le mieux.

Mais parce qu’on se bat contre quelque chose qu’on n’a pas vu ou qu’on ne connaît pas.

🧠 Le cerveau ado n’est pas encore “fini”

Il ne faut pas l’oublier : un ado, ce n’est pas un mini-adulte. Ce n’est pas non plus un grand enfant.

C’est un être en transition, avec un cerveau en pleine réorganisation. En ce moment, il y a des élagages dans les jardins publics autour de chez moi. Dites-vous que le cerveau de votre ado est en plein élagage.
Et cette réorganisation touche des zones très précises :

  • le cortex préfrontal (celui qui planifie, inhibe, organise, anticipe) est encore immature

  • l’amygdale et le système limbique (les zones de traitement émotionnel) sont en suractivité

  • la dopamine (molécule du plaisir) est en flux tendu, ce qui rend les ados ultra-réactifs à la nouveauté ou à la récompense immédiate

🧩 Résultat :
Nous voyons un ado qui “fait exprès” ou qui “n’écoute rien” ?
Lui vit une tempête neurologique.

Ce n’est pas qu’il ne veut pas… c’est qu’il ne peut pas encore toujours réguler comme un adulte.

🌪 Les émotions sont en pilotage automatique

Chez un ado, l’émotion arrive plus vite que la raison.
Il peut exploser, pleurer, se renfermer ou se révolter sans avoir les mots pour expliquer ce qui l’a traversé.

Et tout ça en un battement de cil.

Et vous ? Vous assistez impuissant à tout ça en vous demandant ce qui s’est passé et en (sur)réagissant aussi parfois.

Et c’est normal.

Ce n’est pas un défaut de personnalité, de la faiblesse ou de la sensiblerie.

Ce n’est pas une éducation ratée non plus (quoi que certains puissent en dire).
C’est juste une réaction cérébrale typique d’un cerveau qui apprend encore à faire le tri.

Notre rôle à nous, adultes ?
Pas de minimiser, pas de sur-réagir.

Mais d’aider à décoder, à mettre des mots. Et surtout, à rester un repère, un phare dans la tempête, pas un juge.

🤝 Le groupe devient vital, la famille devient “optionnelle”

Vous avez l’impression que votre ado vous rejette ? Qu’il vit pour ses potes et que vous n’existez plus ?
Encore une fois : c’est attendu. Biologiquement.

Et j’ai même envie de vous dire que ce comportement est sain (enfin jusqu’à une certaine limite quand même).

À l’adolescence, le cerveau passe en mode hyper-connecté au regard social.
C’est le moment où il apprend à exister par lui-même, à devenir lui-même, en dehors du cocon familial.

Alors que fait votre ado pour y parvenir ?

Il teste ses frontières, il cherche sa place, il veut appartenir.

Ce n’est pas contre vous. Même si on pourrait se dire le contraire.

C’est pour lui.

C’est pour devenir lui.
Et si on le comprend, on peut cesser de tout prendre pour une attaque personnelle.

💤 Fatigue, flemme, désorganisation… pas juste une excuse

Qui n’a pas entendu son ado prononcer le mot “flemme” plusieurs fois dans la journée.

Vous lui demandez de mettre la table ? “Flemme”

Vous lui faites remarquer qu’il n’a pas pris de blouson ? “Flemme”

Vous lui proposez un sortie ? “Flemme”

Le matin quand vous le réveillez ? “Méga-flemme”

Et votre ado a raison : il est fatigué.

Et non ce n’est pas de la paresse.

La mélatonine (hormone du sommeil) est décalée chez les ados.
Ils ont besoin de plus de sommeil, mais s’endorment plus tard.

D’ailleurs, le rythme d’un ado est décalé : il s’endort plus tard mais devrait aussi se réveiller plus tard.

Malheureusement les cours commencent toujours aussi tôt.
Ajoutez à ça un cerveau qui cherche des stimulations en permanence, une mémoire de travail qui n’est pas encore stabilisée… et on obtient un cocktail explosif.

Non, votre ado ne “fait pas exprès d’oublier”. Le cortex pré-frontal joue normalement ce rôle de planification et d’organisation. Sauf que là comme il est en chantier et que c’est le chantier qui dure le plus longtemps, ces tâches sont plus difficiles.
Il est en train d’apprendre à se structurer.

Et ça prend du temps.

Il faut lui laisser un peu de temps pour cet apprentissage qui peut se révéler plus ou moins fastidieux.

Et parfois cela demande aussi un petit coup de pouce de votre part pour l’y aider.

🎯 Ce n’est pas à eux de changer seuls : c’est à nous d’ajuster

Etant d’un naturel plutôt optimiste et confiant, j’ai envie de vous dire que si vous comprenez ce qui se passe à l’adolescence et notamment dans le cerveau, vous comprendrez davantage votre ado et vous modifierez votre comportement sans même vous en apercevoir. Car oui quand on comprend et qu’on connaît mieux (et je n’ai pas dit tout, j’ai dit mieux), on se sent moijs désemparé.e et les relations se font plus paisible.

D’ailleurs c’est sur ce principe que sont basés les programmes en parentalité.

Ce que nous montrent les neurosciences, c’est que le cerveau adolescent est malléable, plastique, sensible aux influences extérieures.
Cela veut dire une chose : notre posture d’adulte compte plus que jamais.

Si on reste dans l’opposition, le jugement ou la menace, on court-circuite le lien.
Si on cherche à comprendre, à nommer, à expliquer, on crée un climat qui sécurise — et qui permet à l’ado de grandir en s’appuyant sur nous.

Ce n’est pas de la “laxité”.

C’est du réalisme éducatif.

Mais cela ne veut pas dire qu’on laisse tout passer, car l’ado a aussi besoin de cadre.

On parle souvent de fermeté bienveillante, le cadre et la douceur.

🧭 Aider l’ado à se connaître plutôt que vouloir le corriger

Oui là aussi je suis une fervente partisane du “connais toi toi-même” et suis convaincue que cela s’applique à tous les âges, il n’y a pas d’âge pour apprendre à se connaître. Et d’ailleurs une fois qu’on commence à faire cet effort (car oui il s’agit d’un apprentissage et d’un effort), on le poursuit toute sa vie. On n’a jamais fini de se connaître.

Pourquoi vouloir corriger les comportements de nos ados ?

Pourquoi vouloir leur dire quoi faire et comment le faire ?

Si nous nous mettions à leur place 2 secondes, on s’apercevrait vite que cela nous gonflerait vite d’avoir toujours quelqu’un qui nous dise quoi faire, comment le faire, quand le faire.

Si nous leur apprenions plutôt à réfléchir, à voir les conséquences de leurs comportements et leur apprendre à être responsables de leurs actes ... et à apprendre de leurs erreurs et à les réparer.

Et si on arrêtait d’essayer de “corriger” leurs comportements pour plutôt leur apprendre à les observer, à les comprendre ?

La métacognition (la capacité à penser sur ses pensées) est une clé précieuse qu’on peut développer avec eux.

Exemples concrets :

  • “Qu’est-ce qui t’a fait réagir comme ça selon toi ?”

  • “Tu ressens quoi exactement ? Et où tu le sens dans ton corps ?”

  • “La dernière fois que tu t’es senti comme ça, qu’est-ce qui t’a aidé ?”

Ce n’est pas magique, mais ça ouvre un autre espace.
Un espace où on ne se bat plus contre eux.

Un espace où on ne les juge pas mais dans lequel on les écoute vraiment.

Un espace dans lequel les relations deviennent plus solides.

On avance avec eux.

On avance à leurs côtés.

On grandit ensemble.

Comprendre d’abord, réagir ensuite

Ce que j’essaie de faire dans mes accompagnements — et que j’aimerais transmettre ici — c’est que la connaissance change le lien.

Quand on comprend mieux, on stigmatise moins.
Quand on explique, on désamorce.
Quand on ajuste notre regard, on fait de la place pour que l’ado s’exprime sans se perdre.

Et c’est là que le travail commence. Pas dans le contrôle. Mais dans la présence.

Vous voulez mieux comprendre votre ado ou vous voulez que votre ado apprenne à se connaître ?

Nous pouvons en parler ensemble lors d’un entretien préalable

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