Parents, régulez-vous d’abord : comprendre l’émotion pour mieux accompagner
Il y a une phrase que je répète souvent dans mes accompagnements :
“On ne peut pas aider notre enfant à se réguler si nous-mêmes on ne l’est pas.”
Ce n’est pas un slogan.
C’est un fait.
OK c’est plus empirique que scientifique (je me réfère plus à mon expérience qu’à des recherches et études sur le sujet, même si je pense qu’il y a des études qui en parlent), mais cela n’en est pas moins factuel.
Et pourtant, on attend encore trop souvent des enfants qu’ils fassent ce que nous ne faisons pas toujours nous-mêmes : se calmer vite, exprimer proprement, garder leur sang-froid, mettre des mots…
Et oui on leur dit “calme-toi” quand ils s’énervent mais nous quand on s’énerve on ne se calme pas, on met des mots mais pas forcément les bons, on met du volume aussi … et pourtant on continue de leur demander de se calmer, de ne pas crier, de parler, alors que nous-mêmes en sommes bien incapables.
La régulation émotionnelle, ce n’est pas une affaire de self-control, en tous cas pas seulement et pas tout le temps.
Ce n’est pas être zen à tout bout de champ.
Je me souviens d’ailleurs de mon instructrice de MBSR qui avait dit que maintenant quand elle se mettait en colère elle le faisait en conscience. J’ai mis du temps avant de comprendre mais j’avais trouver cela extrêmement déculpabilisant, surtout que quand je suis en colère ou énervée mon dragon intérieur se faufile hors de moi, se montre et crache ses flammes.
Bref, la régulation émotionnelle est une compétence qui se construit, s’observe, se modèle.
Et dans cette construction, le rôle du parent est central.
Mais encore faut-il savoir ce que c’est et comment le faire.
Comprendre ce qu’on appelle "régulation émotionnelle"
On parle beaucoup des émotions. Et tant mieux.
Mais peu de gens savent vraiment ce que signifie réguler une émotion.
Peu de gens connaissent aussi ce qu’est vraiment l’émotion.
Bien sûr on les ressent et on les vit, mais comprendre ce qui se cache derrière c’est encore autre chose.
Réguler un e émotion : ce n’est ni la nier, ni la “gérer”.
Ce n’est pas se forcer à rester calme ou à ne pas le ressentir.
J’ai personnellement pensé longtemps que j’étais très forte parce que je n’exprimais pas mes émotions “négatives”, je les mettais sous cloche, les enfouissais bien au fond. J’étais super calme et zen extérieurement … mais intérieurement c’était autre chose.
Dans tous les cas, j’étais bien loin de réguler mes émotions.
Réguler, c’est accueillir l’émotion… et ajuster la manière dont on y répond.
C’est pouvoir reconnaître : “Là je suis en colère. Là je suis débordé.e. Là j’ai peur.”
Et choisir, autant que possible, de ne pas laisser cette émotion piloter toutes nos réactions.
C’est valable pour nous.
Et c’est exactement ce que nos enfants apprennent en nous observant.
Avant que l’enfant régule seul, il a besoin d’un adulte qui co-régule
Les recherches en psychologie le montrent : les enfants développent leurs compétences émotionnelles dans la relation.
Ce n’est pas inné.
Ce n’est pas magique.
C’est contagieux (dans les deux sens…).
D’ailleurs les enfants apprennent beaucoup par mimétisme, et pas seulement quand ils sont tout petits. C’est pour cela qu’on parle beaucoup d’exemplarité en éducation, non pas parce que l’on doit être exemplaire, mais parce que nous sommes un exemple pour nos enfants. Car ils sont davantage adeptes tu “je fais ce que tu fais” plutôt que “je fais ce que tu me dis”.
Quand un parent aide à mettre des mots sur ce que vit l’enfant, sans juger ni minimiser, il l’aide à construire ses propres repères.
Quand un parent reste calme face à une crise, il offre un modèle de stabilité.
Alors mettons-nous d’accord : rester calme ne signifie pas ne rien ressentir et adopter une poker face.
Quand un parent pète un plomb… il lui montre aussi que ça peut arriver, que son parent est humain (et donc loin d’être parfait) mais qu’on peut réparer.
👉 Co-réguler, ce n’est pas non plus tout faire à leur place.
D’ailleurs l’émotion de votre enfant reste la sienne. C’est celle qu’il a choisi de vivre et d’exprimer à ce moment-là. Vous n’en êtes pas responsable, tout comme votre enfant n’est pas responsable des émotions que vous vivez, même si c’est son comportement qui a été le catalyseur.
Co-réguler, c’est “juste” être présent émotionnellement. Pas parfait. Pas sans émotion. Juste présent.
Pourquoi c’est si difficile parfois ? Parce qu’on est humain.
La théorie, on la connaît souvent.
Ben oui on entend parler (et on lit aussi) de plus en plus d’émotions, d’empathie, d’écoute bienveillante …
Mais en pratique, entre le stress, la fatigue, la charge mentale, le boulot, le bruit, les imprévus… il y a des jours où notre régulation à nous est en PLS (quand ce n’est pas nous qui sommes en PLS parfois).
Et c’est normal.
La vraie question, ce n’est pas “comment ne jamais perdre pied ?”
C’est “comment revenir à soi plus vite ?”
Comment repérer les signaux avant l’explosion ?
Comment éviter que la frustration se transforme en hurlement ou en reproche brutal ?
*Spoiler* : ce n’est pas inné non plus.
Ça s’apprend.
Et c’est OK de demander de l’aide.
J’ai eu la théorie dans les livres, et même dans mes formations.
Et oui en sophrologie on parle beaucoup émotions. En psychopédagogie positive et en coaching aussi.
Et cela m’a aidée. Aidée à comprendre, à démêler tout ça.
Mais ce qui m’a vraiment aidée ?
Avoir le courage de demander de l’aide, de pratiquer, de me planter, d’accepter que même si j’étais sophrologue et coach j’avais le droit d’exprimer mes émotions même si elles étaient explosives et de ne pas être parfaite.
La grande différence avec avant ?
Je ressens quand ça vient, j’anticipe. Si j’explose (car oui cela m’arrive encore) je redescends plus vite mais surtout j’accepte de vivre mes émotions car je sais ce qui se cache derrière et je vais gratter pour essayer de décoder le message.
Et pour les message plus cryptés, j’ai parfois besoin d’un décodeur et j’en parle à ma thérapeute.
Réguler ne veut pas dire céder ou laisser tout passer
Un enfant n’a pas besoin qu’on dise oui à tout.
Il a besoin qu’on reste un cadre stable même quand il déborde.
Ce n’est pas contradictoire. C’est même sécurisant pour lui.
On peut poser une limite ferme tout en accueillant l’émotion qui l’accompagne.
Exemples concrets :
“Je vois que tu es en colère, et je comprends. Mais frapper n’est pas autorisé.”
“Tu as le droit d’être triste. On peut en parler. Mais crier ne fera pas revenir les choses comme tu veux.”
Quand on sépare l’émotion du comportement, on apprend à l’enfant que ce qu’il ressent est légitime, mais que cela ne justifie pas tout.
Cela peut expliquer le comportement, mais pour autant le comportement peut ne pas être acceptable.
Et si on commençait par nous ?
Avant d’enseigner la régulation, on peut travailler la nôtre.
Parce que oui en matière de régulation émotionnelle, avant de l’enseigner à nos enfants, nous avons besoin de la pratiquer nous-mêmes.
Personne ne nous l’a jamais apprise et bien souvent nous l’apprenons en même temps que nos enfants.
Je remercie d’ailleurs tous les auteurs mettent en avant les émotions dans leurs ouvrages de parentalité.
Les messages sont passés, à nous de les écouter et de les mettre en pratique.
Pas pour devenir un parent “parfait”, ni même pour appliquer une recette toute faire, mais pour sortir des automatismes qui nous piègent et réfléchir à nos propres émotions.
Posez-vous ces questions simples :
Comment je réagis quand mon enfant s’énerve ?
Est-ce que je suis à l’écoute de mes signaux d’alerte (tension, fatigue, agacement) ?
Est-ce que je m’autorise à faire une pause, à dire que je suis à bout, à respirer ?
Car un enfant ne se régulera jamais mieux que l’adulte qui l’accompagne.
Ben oui comme il fera comme l’adulte en question : si l’adulte ne s’écoute pas et explose, il y a un fort risque que l’enfant fasse la même chose.
Bonne nouvelle : plus vous vous régulez, plus vous l’aidez.
Même sans parler.
Juste en faisant.
Comprendre pour ajuster. Et pour transmettre.
Ce que nous montre la recherche (et ce que je constate chaque jour en accompagnement), c’est que les enfants apprennent à faire avec leurs émotions comme ils nous voient faire avec les nôtres.
La régulation émotionnelle est une compétence clé pour toute la vie.
Elle s’apprend, elle se soutient, elle s’ajuste.
Et ça commence par une prise de conscience :
“Je ne peux pas attendre de mon enfant ce que je ne suis pas encore capable de faire moi-même.”
Pas pour culpabiliser.
Pour comprendre.
Et avancer. Ensemble.
Vous l’aurez compris, la régulation émotionnelle n’est pas un don magique que l’on a… ou pas.
C’est une compétence, un apprentissage. Et parfois, un vrai chemin de déconstruction.
Nos enfants ont besoin de nous pour apprendre à vivre avec leurs émotions. Pas de nous parfait·e.s, mais de nous présent·e.s, conscient.e.s, et suffisamment régulé.e.s pour ne pas ajouter du chaos au chaos.
La bonne nouvelle ? Vous n’êtes pas seul·e.
Si vous avez envie de mieux comprendre vos réactions, d’apprendre à les apprivoiser et de retrouver plus de sérénité dans les moments de tension avec vos enfants, je suis là pour ça.
👉 Prenez rendez-vous pour un échange gratuit. On verra ensemble comment je peux vous accompagner, à votre rythme, avec douceur et clarté.
Parce qu’en matière d’émotions, c’est en avançant ensemble qu’on apprend le mieux.