Pourquoi les petites frustrations nous empoisonnent plus que les grandes épreuves ?

Vous avez déjà entendu parlé du paradoxe de la Région Bêta ?

Moi je viens d’en entendre parler en allant sur LinkedIn et ça a fait tilt. Et ça a fait tellement tilt que j’ai eu envie d’en faire un article ici.

Parce que oui pourquoi les petites frustrations nous empoisonnent-elles au final plus que les grandes épreuves ne le font. C’est assez contre-intuitif vous en conviendrez, et pourtant c’est vrai quand on se pose 5 minutes et qu’on y réfléchit.

Imaginez cette situation : vous avez deux destinations. L’une se trouve à 1 km, l’autre à 5 km.

Vous décidez de marcher jusqu’à la destination la plus proche (cela vous semble plus simple et pas besoin de se préparer pour le faire), mais pour la plus éloignée, vous prenez le vélo. Paradoxalement, vous atteignez l’endroit le plus lointain plus rapidement.

Ce décalage, connu sous le nom de paradoxe de la Région Bêta, ne se limite pas aux trajets physiques. Il révèle des leçons profondes sur notre manière de réagir aux événements de la vie (petits et grands).

Et ce paradoxe s’applique particulièrement à notre gestion des émotions. Face aux grandes épreuves (séparation, perte d’emploi …), nous mobilisons nos mécanismes de défense et finissons par rebondir. Un peu comme si on avait reçu un électrochoc qui nous forçait à agir.

Mais face aux petites frustrations ou agressions quotidiennes ? C’est comme si on ne savait pas comment faire ou sur quelles ressources s’appuyer pour se défendre contre elles. C’est tellement faible comme signal, qu’on ne le remarque pas.

Et comme on ne fait rien, ben oui ce sont des petits trucs donc pas besoin de dégainer le plan hors-sec à chaque fois, ça nous demanderait bien trop d’énergie alors qu’elles sont toutes petites et on ne les voit pas toujours non plus. Du coup, elles s’incrustent, s’accumulent et grignotent notre bien-être.

Le paradoxe de la Région Bêta : c’est quoi ?

Le paradoxe de la Région Bêta illustre une idée contre-intuitive : les situations modérément ou peu inconfortables ont tendance à durer plus longtemps que celles très inconfortables. Celles-là, on les identifie bien et ce sont celles où on cherche à s’en débarrasser ou s’en sortir.

Pourquoi ? Parce que les épreuves majeures forcent notre cerveau à s’adapter rapidement et à trouver des solutions.

En revanche, les petits agacements (et dans le quotidien on en a pas mal) ne sont pas perçus comme suffisamment graves pour justifier une réaction rapide.

Dan Gilbert, professeur de psychologie à Harvard, l’illustre avec humour : « Les gens rationalisent les divorces, les licenciements et les maladies, mais pas les ascenseurs trop lents et les mauvais bourgognes. »

Et comme on ne fait rien contre ces petits rien qui nous agacent et empoisonnent notre vie, il y a une sorte de statu-quo qui devient pesant à la longue. Nous restons coincés dans des états de frustration chronique causée par des situations mineures. La situation finit par pourrir et finit par peser plus lourdement sur notre bien-être, bien plus qu’un truc plus lourd et désagréable.

Nos petites frustrations, un poison insidieux.

Les petites frustrations sont omniprésentes au quotidien :

  • La température de la douche qui est soit trop chaude ou trop froide.

  • Un robinet qui goutte.

  • Un métro / train qui a quelques minutes de retard.

  • Le rouleau de papier toilette vide que personne n’a pensé à changer.

  • Le bruit de fond constant d’un voisin bruyant.

  • Une mauvaise habitude répétée par un proche.

Tout cela peut sembler anodin et anecdotique, et ça l’est si on les prend un à un. Mais c’est comme le vase qu’on remplit au goutte à goutte. Même si c’est goutte à goutte et lent, il suffit d’une goutte de trop pour que ça déborde.

Pour prendre une autre image que vous pouvez rattacher au schéma à côté c’est comme si vous aviez un pot de peinture gris clair et chaque agression / contrariété / agacement était une goutte de peinture noire.

Au bout d’un moment, même au goutte à goutte, la peinture devient gris de plus en plus foncé si on ne fait rien, et on a une teinte qui ressemble de plus en plus au 3e gris, voire à la 4e nuance de gris (oui ici il n’y a que 4 nuances au gris).

C’est le cumul de ces petits agacements qui est pesant.

Des études psychologiques ont montré que les micro-stress peuvent augmenter notre niveau global de stress et même contribuer à des problèmes de santé mentale, tels que l’anxiété ou la fatigue chronique.

Pourquoi ? Parce que notre cerveau les traite comme des signaux permanents d’alerte, sans jamais enclencher les mécanismes de résolution et de récupération. Comme on ne traite pas ces petits riens du quotidien, ils restent, s’incrustent et enclenchent l’alarme sauf que quand on entend cette alarme on ne sait pas à quoi elle est due. C’est difficile de faire le lien entre notre épuisement que l’on associe au stress et à tout ces petits trucs totalement banals du quotidien.

La régulation émotionnelle proactive, une manière de briser ce cercle vicieux

Maintenant que vous en savez un peu plus sur ce paradoxe, peut-être allez vous prendre le vélo même pour faire 1 km.

Voici quelques stratégies efficaces pour enrayer cette mécanique bien rodée :

Prendre conscience des sources de micro-stress

La première étape consiste à identifier les petites frustrations récurrentes.

Prenez quelques minutes chaque soir pour noter les agacements que vous avez ressentis.

Vous pourriez découvrir des motifs récurrents qui étaient passés inaperçus.

D’ailleurs, dans l’e-book sur le stress qui est dans le shop c’est un des exercices qui est proposé. En prenant conscience de ces micro-stress, on peut éventuellement agir dessus. Si on ne le sait pas, c’est plus difficile.

Appliquer des stratégies de régulation émotionnelle

Il existe plusieurs techniques pour gérer les petites sources de stress avant qu’elles ne deviennent ingérables :

  • Réinterprétez la situation de manière positive (le reframing), vous savez le verre à moitié plein plutôt quà moitié vide. C’est la même situation, sauf qu’on change notre manière de la voir.

    Par exemple, au lieu de vous énerver dans un embouteillage (et à Paris cela arrive souvent), voyez-le comme une occasion d’écouter votre podcast préféré ou votre artiste préféré.

  • Prenez un moment pour respirer profondément et vous recentrer. Méditation, méthode TIPI, sophro, Calm’express … il y a plein de techniques que vous pouvez utiliser.

    Cela permet d’éviter les réactions impulsives face aux irritations (et de rentrer dans un autre cercle vicieux).

  • Utilisez et abusez de la communication assertive.

    Une habitude d’un proche vous agace ? Parlez-en calmement au lieu de laisser la frustration s’accumuler.

Passer à l’action rapidement

Quand ce sont des petits riens on a tendance à procrastiner et à ne pas traiter. C’est un peu comme votre to-do en somme. Vous voyez les urgences et les choses importantes à faire mais vous laissez de côté tous les petits trucs qui sont moins urgents et importants ou qui prennent moins de temps. Conclusion : au lieu d’avoir un e-mail à traiter vous avez un retard d’emails à rattraper, les factures à régler s’entassent, l’administratif aussi et un jour ça urge et il y a tout à faire et c’est l’angoisse. Alors que le faire au fur et à mesure vous ferait gagner du temps et de l’énergie, et cela allègerait considérablement votre charge mentale.

“Si ça prend moins de 2 minutes on le fait tout de suite”

C’est la même chose avec nos petits stress. Résoudre une petite source de stress est plus simple qu’on ne le pense.

Le robinet qui goutte ? Remplacez le joint et si ça ne marche pas on appelle le plombier.

Un voisin bruyant ? Vive les casques antibruit et les boules quies ou plus simple : discutez avec lui.

Le rouleau de papier toilette vide ? Parlez-en à votre famille, si ça vous énerve c’est que le sujet a besoin d’être traité.

La puissance des petites victoires

En réglant rapidement les micro-stress, vous constaterez un effet boule de neige positif. Ce sont autant de petites victoires à votre actif, et ça fait du bien au moral. Deuxième effet KissCool : cela réduit la charge mentale globale (et oui cela enlève le bruit de fond continue dans votre tête, ça fait un peu de ménage et de vide dans votre tête).

Et surtout : votre esprit peut enfin se concentrer sur des aspects plus enrichissants de votre vie.

Le paradoxe de la Région Bêta nous rappelle une vérité importante : ce ne sont pas toujours les grandes épreuves qui causent le plus de stress et déterminent notre bien-être, mais plutôt la manière dont nous gérons toutes les petites frustrations au quotidien (et quand on est parent, il peut y en avoir !).

En adoptant une approche proactive et en réglant ces petits irritants au fur et à mesure, vous pouvez considérablement améliorer votre qualité de vie.

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