Stéphane Lhuillier, Hiccopampe - Coaching for Family - Paris 5

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self-care ou self-indulgence ? mon coeur balance

Ce sont deux concepts qui se ressemblent et pourtant différents.

On pourrait les opposer ou dire qu’il faudrait faire l’un mais pas l’autre. Et, pourtant je pense que ce serait une erreur d’oublier l’un au profit de l’autre. J’adore les nuances et n’aime pas les extrêmes notamment en matière de parentalité.

Je suis partisane d’un juste équilibre pour tout et valorise la voie du milieu.

En préambule, je vais vous expliquer pourquoi j’écris cet article sur ces deux notions. Lors d’une séance avec ma superviseure, nous avons abordé ce sujet et elle m’a amenée à réfléchir et surtout à faire la distinction entre les deux. J’ai tellement réfléchi dessus que j’en ai écrit cet article, c’est dire !

L’idée n’était pas que j’abandonne le self-indulgence mais que si je choisis cette voie, je le fasse en conscience et que quelque part j’assume mes choix. Cette “simple” séance m’a ouvert les yeux et m’a fait faire une belle prise de conscience.

Bien sûr cet article ne remplacera pas un accompagnement plus global (ça se saurait si un article de blog ou même un livre pouvait le faire) mais peut-être que ce partage vous donnera une autre perspective et vous donnera envie d’en savoir plus. C’est une manière pour moi de planter et semer des graines (je pourrais reprendre à mon compte le slogan de Larousse “Je sème à tout vent”), à vous de les faire germer (avec ou sans aide extérieure).

Dans notre société moderne, les termes self-care (soin de soi) et self-indulgence (complaisance envers soi-même) sont souvent employés de manière interchangeable, c’est une erreur que de les utiliser de la même manière car ils représentent en réalité des concepts bien distincts.

Pourtant, ces deux notions jouent un rôle crucial dans notre équilibre émotionnel et physique, surtout lorsque l'on est parent.

Entre les besoins d’un enfant, les responsabilités professionnelles, et le quotidien qui défile à une vitesse folle, il est essentiel de comprendre comment ces deux approches peuvent coexister et, parfois même, se compléter.

Parfois mieux vaut viser le self-care et parfois un coup de self-indulgence est juste nécessaire pour le moral … ce qui est important quand on est parent. l’idée est de ne pas se complaire dans l’un ou de se morfondre car il n’y a pas assez de l’autre. La difficulté : mettre le curseur au bon endroit entre self-care et self-indulgence. Et le bon endroit est le bon endroit pour vous (et à un instant T).

Qu’est-ce que le self-care ?

Le self-care est une pratique intentionnelle qui consiste à prendre soin de soi d'une manière consciente et bienveillante.

Cela inclut des actions qui favorisent votre bien-être physique, émotionnel et mental.

Cela peut paraître simple, mais c'est bien plus qu'un luxe ou un caprice. Il s'agit de créer de l'espace dans votre vie pour des activités qui nourrissent votre âme et votre corps.

Et en ayant accompagné pas mal de parents en coaching, je peux vous dire 3 choses :

  • les parents que je reçois au cabinet (oui je sais l’échantillon est biaisé) ne pratiquent pas le self-care pour la plupart. Intégrer le self-care dans leur quotidien arrive souvent dans les items de leur plan d’actions.

  • le self-care est souvent lié à une problématique de gestion du temps et des ressources. La fameuse question du : “mais comment puis-je arriver à dégager du temps pour moi ?” (c’est là que je parle souvent de la métaphore de l’avion et je n’oublie pas la nécessité de s’accorder du temps avec les 10 minutes quotidiennes)

  • et pratiquer le self-care fait qu’on se sent mieux et ça rejaillit directement sur l’ambiance à la maison.

Exemples de self-care :

  • Faire de l'exercice régulièrement.

  • Avoir une alimentation équilibrée.

  • Prendre le temps de méditer, de faire de la sophrologie (oui je suis partiale) ou de pratiquer le yoga.

  • Dormir suffisamment.

  • Consulter un thérapeute ou demander de l'aide en cas de besoin.

Le self-care demande une certaine discipline et une intention claire : vous prenez soin de vous non pas pour éviter une fatigue immédiate, mais pour construire un bien-être durable. C'est une démarche proactive dans laquelle vous vous mettez au centre. Car au final à la fin de la journée si vous faites le bian : quand vous occupez-vous de vous ? et qui s’occupe de vous ?

Et le self-indulgence alors ?

À première vue, le self-indulgence peut ressembler au self-care, mais il s'agit d'une approche différente.

Le self-indulgence consiste à se faire plaisir, parfois de manière impulsive, souvent pour répondre à un besoin émotionnel immédiat ou pour s'échapper temporairement du stress. Vous voyez la difféfrence entre l’un et l’autre maintenant ? L’un est plus court-termiste alors que l’autre est plus sur le long terme. Les opposer ne servirait à rien à part peut-être se culpabiliser. Je préfère les envisager comme complémentaires et à actionner différemment en fonction des événements et de mon humeur.

Je vais faire une analogie en parlant du diabète (alors petite note de la rédactrice, c’est-à-dire moi : je ne suis pas médecin et n’ai pas la prétention d’en être un, l’analogie que je vais faire va être expliquée de manière assez grossière voire simpliste j’en ai conscience et si des médecins ou des spécialistes lisent cela ils pourront corriger mes propos s’ils le souhaitent. mais le propos n’est pas d’être parfaite mais d’expliquer simplement quelque chose en faisant un parallèle qui parle).

Ma Numéro3 a un diabète de type 1, c’est à dire qu’elle est insulinodépendante et qu’elle doit recevoir de l’insuline à chacun de ses repas sous forme d’injections. Bref une piqûre d’insuline.

Pour réguler le glycémie, il y a l’insuline lente et l’insuline rapide.

La lente permet d’assurer une régulation de base de la glycémie. Elle a une action sur environ 24h, il faut donc une action quotidienne et elle est indispensable pour maintenir la glycémie dans des ratios acceptables. On ne change pas souvent la quantité de cette insuline, c’est une sorte de paramètre assez stable. On pourrait comparer l’insuline lente au self-care : une action indispensable, sur le long-terme dont on ne voit pas forcément les bénéfices immédiatement.

L’insuline rapide quant à elle est injectée systématiquement avant tout repas, son effet est immédiat (ou quasi) et dure 3 heures. La quantité d’insuline injectée est fonction du nombre de glucides présentes dans le repas et de la glycémie au moment du repas. Autant vous dire que la quantité peut varier considérablement. Donc une action plus ponctuelle et plus court terme avec effet quasi immédiat.

Les quantités d’insuline dépendent de chaque personnes, de leur hygiène de vie et de leur environnement (et oui quand nous allons à la montagne même sans faire d’activité physique la glycémie n’est pas la même que quand nous restons à Paris. J’imagine que l’altitude et/ou le froid ont une incidence).

Toujours est-il que pour réguler la glycémie de Numéro3 il faut les 2.

Et bien le self-care et le self-indulgence sont un peu comme ces deux types d’insuline : complémentaires et indispensables.

Exemples de self-indulgence :

  • Dévorer une tablette entière de chocolat après une journée difficile.

  • Acheter un article coûteux pour se récompenser.

  • Binge-watcher une série Netflix en ignorant d'autres responsabilités.

Les exemples que j’ai pris sont un peu extrêmes mais ils sont parlants (en plus qui ne l’a jamais fait?).

Le self-indulgence n’est pas nécessairement mauvais.

En réalité, il peut être une réponse naturelle au besoin de réconfort.

Mais à la différence du self-care, le self-indulgence ne contribue pas toujours à un bien-être durable.

Il agit comme un pansement émotionnel temporaire.

Et si on met trop souvent le pansement, peut-être faut-il se poser la question de son utilité … peut-être qu’il faudrait envisager autre chose qu’un simple pansement pour que cela soit durable.

Les différences fondamentales entre self-care et self-indulgence

Pour mieux comprendre ces deux concepts, analysons leurs différences principales (et parfois la différence entre les deux n’est pas aussi limpide qu’on pourrait le croire) :

Self-Care (S-C) Vs Self-Indulgence (S-I)

Intention

(S-C) Préserver ou améliorer le bien-être

(S-I) Répondre à une envie immédiate

Résultat

(S-C) Long terme (bien-être durable)

(S-I) Court terme (réconfort immédiat)

Exemples

(S-C) Exercices, méditation, repos

(S-I) Snacks, achats impulsifs, distractions

Impact

(S-C) Positif, souvent transformateur

(S-I) Parfois neutre, parfois négatif si excessif, d’autant que cela peut amener à se culpabiliser.

Le self-care est une pratique qui demande de la régularité et de la réflexion.

En revanche, le self-indulgence, bien que souvent agréable, peut devenir problématique s’il est utilisé pour éviter des émotions ou des situations difficiles. Cela peut permettre de procrastiner ou juste de fuir une situation désagréable.

Pourquoi le self-care est essentiel en parentalité

Être parent est l’un des rôles les plus enrichissants, mais aussi les plus exigeants et énergivores.

Entre les nuits sans sommeil, les multiples responsabilités et le désir constant de bien faire (voire de faire parfaitement mais c’est un autre sujet), il est facile de s’oublier.

Pourtant, prendre soin de soi est une condition indispensable pour bien s’occuper des autres. Et quand on est parent on a tendance à l’oublier ou à minimiser ce paramètre ! Il faut dire qu’on a tellement à faire et encore plus de choses dans la tête que c’est quelque chose qui passe en second plan, genre “je le ferai si j’ai le temps” sauf qu’on n’a jamais le temps.

Et pourtant pratiquer le self-care permet plein de choses dont :

1. Remplir son propre réservoir

Imaginez que votre énergie est comme un réservoir.

Si vous donnez constamment sans prendre le temps de vous ressourcer, vous finirez par vous épuiser.

Le self-care est ce qui vous permet de recharger vos batteries pour être plus patient.e, plus présent.e et plus aimant.e envers vos enfants.

2. Être un modèle pour ses enfants

Les enfants observent et imitent (c’est le côté exemplarité et “faites ce que je fais pas ce que je dis” qu’on ne comprend pas toujours quand on est parent).

En prenant soin de vous, vous leur enseignez l’importance de l’équilibre et du respect de soi.

Vous leur montrez qu’il est normal et sain de prioriser son bien-être.

3. Prévenir le burn-out parental

Le burn-out parental est un phénomène réel et de plus en plus fréquent.

Il se manifeste par un épuisement physique, émotionnel et mental, souvent accompagné d’un sentiment de détachement.

Le self-care est une arme puissante pour prévenir cette situation. C’est d’ailleurs une des constantes que j’ai mis en place après mon burn-out.

Où le self-indulgence trouve-t-il sa place dans le self-care ?

Le self-indulgence n’est pas l’ennemi du self-care.

En fait, il peut être une partie intégrante d’une approche saine du soin de soi, tant qu’il est pratiqué avec modération.

Parfois, une petite dose de self-indulgence peut être un moyen de relâcher la pression ou de se récompenser.

Prenons un exemple : imaginez que vous avez passé une semaine stressante. Vous pourriez choisir de vous détendre avec une soirée Netflix (self-indulgence), puis de reprendre votre routine de yoga le lendemain matin (self-care). Dans ce cas, le self-indulgence devient un complément au self-care, plutôt qu’un substitut. Parce c’est aussi ça le self-care : apprendre à s’écouter et à écouter son corps et à répondre à ses besoins.

Comment trouver l’équilibre entre self-care et self-indulgence ?

Voici quelques conseils pratiques pour équilibrer les deux approches dans votre vie quotidienne :

1. Écoutez vos besoins

Demandez-vous régulièrement ce dont vous avez vraiment besoin (et je fais la distinction entre besoins et envies).

Si vous êtes fatigué.e, peut-être qu’une sieste ou un bain chaud (self-care) serait plus bénéfique qu’un café supplémentaire (self-indulgence).

2. Fixez des limites

Le self-indulgence peut devenir un problème s’il est utilisé comme un échappatoire constant.

Fixez des limites claires : un carré de chocolat pour le plaisir, pas la tablette entière !

3. Planifiez votre self-care

Le self-care demande souvent une planification active.

Bloquez du temps dans votre agenda pour des activités qui nourrissent votre esprit et votre corps.

4. Soyez indulgent.e envers vous-même

Il est important de ne pas culpabiliser lorsque vous vous accordez des moments de plaisir.

L’objectif est de trouver un équilibre et non d’atteindre une perfection irréaliste.

Quelques idées concrètes pour intégrer self-care et self-indulgence dans votre vie de parent

Activités de self-care :

  • Pratiquer la gratitude en écrivant trois choses positives chaque jour.

  • Préparer des repas sains et nourrissants pour vous-même.

  • Sortir pour une promenade ou une course à pied.

Moments de self-indulgence :

  • Offrez-vous une pâtisserie que vous adorez.

  • Regardez un film ou une série que vous aimez sans interruption.

  • Achetez un petit cadeau pour vous-même.

Le tout est de rester conscient de vos choix et de leurs impacts sur votre bien-être global.

Vers un équilibre sain

Le self-care et le self-indulgence sont deux facettes d’un même objectif : se sentir bien dans sa peau et dans sa vie.

Si le premier est essentiel pour construire un bien-être durable, le second peut être un complément agréable pour relâcher la pression.

En tant que parent, comprendre ces concepts et les appliquer judicieusement peut transformer non seulement votre propre vie, mais aussi celle de vos enfants.

N’oubliez jamais : prendre soin de vous n’est pas égoïste :-)